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« Je suis ordinaire » : le viol conjugal, parlons en.

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Le Collectif Féministe Contre le Viol lance une campagne contre ce qui reste un grand tabou en matière de violence au sein du couple : le viol conjugal. Une réalité souvent ignorée qui concerne pourtant près d’un tiers des femmes violées chaque année en France. Et surtout, un crime puni par la loi. Souvent banalisé, il n’en reste pas moins traumatisant, et avec la culture du viol qui reprend de plus belle à travers les sociétés ces dernières années, le sujet est trop souvent astreint au silence…

 

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Le sujet

On pense souvent à tort que le viol n’arrive qu’aux autres, ou alors parce qu’on n’a pas crié, dit non assez, assez fort ou pas dit, sans dire oui non plus, qu’on l’a « cherché ». On pousse souvent à croire d’ailleurs la victime à croire qu’elle est responsable, la culpabilisant et la muselant en même temps. Pratique. Cela évite de mettre le doigt sur les choses qui font mal ou qui dérangent…

Mis en ligne le 26 janvier par le Collectif Féministe Contre le Viol, ce court-métrage  mis en image par Victor Habchy aborde le sujet du viol conjugal, souvent « admis » car ce sont des conjoints et on trouve normal d’honorer son devoir conjugal, même si la femme ne veut pas (plus difficile dans l’autre sens, vous en conviendrez). En compétition pour le Nikon Film Festival, dont les résultats sont dévoilés le 24 février, ce film a déjà été visionné plus de 62.000 fois sur la plateforme Vimeo.

 

 

Le scénario

A priori une scène de vie banale. Un couple qui traine tranquillement chez eux, en pyjama, et décide de regarder un film irréversible. Tout se passe bien. Puis l’homme devient plus excité et malgré le refus de sa compagne, fait ce qu’il a à faire. Pas de quoi casser 3 pattes à un canard pourrait-on penser. Sauf qu’il s’agit d’un viol conjugal. Un « Non » reste un « Non », quel que soit le contexte.

« Si rien ne vous choque, c’est que vous êtes l’un des deux », écrit Chloé Fontaine, jeune scénariste de 26 ans, pour commenter le court-métrage indépendant dont elle a écrit le scénario.

 

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Viol ou pas viol ?

Grâce à ce court métrage, elle souhaite agiter les consciences. « Faire ce film est devenu une nécessité pour moi après avoir eu une conversation avec une amie, au sujet d’un garçon avec qui elle avait passé la nuit quelques jours auparavant », raconte Chloé Fontaine auprès du HuffPost.

« Elle m’a dit: ‘J’en avais pas envie non, mais alors pas du tout. Mais je voyais pas d’autre moyen pour qu’il me laisse tranquille alors…' » Alors on devine la suite. La co-réalisatrice et actrice de ce film entend également une autre amie s’interroger: « non je voulais pas, mais je sais pas si c’est un viol du coup? Je pense pas quand même ».

« Et là je me suis dit qu’il y avait un problème. Réel. J’ai commencé à faire des recherches sur internet. Je suis tombée sur des témoignages poignants de jeunes (ou moins jeunes) filles qui se posaient les mêmes questions », poursuit-elle.

 

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Elle espère, avec ce film de moins de deux minutes, apporter des éléments de réponse à toutes celles et ceux qui se questionnent sur ce qu’est un « vrai viol ». « Je ne prétends pas leur apporter la vérité. Juste qu’elles voient, d’un point de vue extérieur. Et qu’elles puissent en juger », précise-t-elle avant d’ajouter: « Ce film, je voulais le faire dans l’espoir d’aider quelques-unes de ces filles à y voir plus clair. Quelques-uns de ces garçons à réfléchir sur leurs actes passés, influer sur leurs actes futurs. »

Et elle a raison: trois femmes sur quatre ayant subi une forme d’agression sexuelle au cours de leur vie, l’ont vécu au sein de l’espace privé (famille, proches, conjoints et ex-conjoints, petits amis), selon l’enquête « Virage » publiée par l’Ined en novembre 2016. 94% des agresseurs sont des proches, d’après une enquête de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, avec le soutien de l’UNICEF France, datant de 2015. A l’âge adulte, selon celle-ci, un viol sur deux serait un viol conjugal.

Son slogan ? « Ne laissez plus votre conjoint s’exprimer à votre place. Nous pouvons vous aider ». Pour cela, un numéro existe : 0 800 05 95 95 (appel gratuit et anonyme) et un site Internet : http://www.cfcv.asso.fr/. Autre combat de l’association : raccourcir le délai d’appel après les faits. En moyenne, il est de quatre ans. 10% des victimes attendant jusqu’à trente ans après. Et Emmanuelle Piet, présidente du CFCV.  de rappeler : « Là encore, la honte doit changer de camp ! »

 

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Quelques chiffres…

Si l’on pense que cela n’arrive pas souvent et qu’on est en sécurité, voici quelques chiffres qui vous feront sûrement frémir :

  • Une femme sur 7 victime de viol.
  • 130 millions de femmes mutilées, excisées.
  • Une femme sur trois victime de violence…
  • 7% des femmes seront victimes d’un viol au cours de leur vie. D’après ses calculs, si l’on ajoute les tentatives de viols, ce sont près de 20% des femmes qui risquent de subir un viol ou une tentative d’agression sexuelle dans le monde. En France, cela concerne 86 000 femmes âgées de 18 à 75 ans, chaque année.
  • En France, une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Seules 16% d’entre elles déposent plainte, selon les chiffres du gouvernement
  • 40% des cas de violences conjugales débutent lors de la première grossesse.
  • 23% des demandes d’IVG étaient directement liées à des violences (viols, violence conjugales, violences familiales – chiffres 2014). Ces femmes avaient trois fois plus de chances d’accoucher prématurément que la moyenne, une grande proportion d’entre elles (7%) ont accouché à la maison, pas par choix mais par contrainte, un tiers d’entre elles ont reçu des coups sur le ventre et 82% ont subi des violences sexuelles.
  • 86% des viols ou tentatives sont perpétrés par des proches. Dans 38 % des cas, le violeur s’avère être le conjoint. Suite aux viols ou tentatives de viol qu’elles ont subies, seules 10 % des victimes ont porté plainte.
  • 720 millions de filles victimes de mariages précoces (avant 15 ans, selon l’Unicef).

 

Cela vous fait réfléchir ?

 

À propos Anne-Line

Social media manager, community manager, rédactrice ou encore chef de projet, cette dynamique auto-entrepreneuse a plus d'une corde à son arc. Passionnée par les médias et les réseaux sociaux, Anne-Line est aussi une grande voyageuse, menée toujours plus loin par sa curiosité insatiable.

2 plusieurs commentaires

  1. Je compatis très sincèrement pour ces victimes et je trouve ces chiffres tout simplement « flippant »…
    En tant qu’homme, je n’arrive vraiment pas à comprendre que certaines personnes sont incapables de prendre en considération la signification du « non »…
    Mais, pas mal d’hommes n’écoutent pas leur compagne on n’ont cure de leurs paroles et/ou souhaits…
    Je ne suis pas ceux-là… Moi, j’ai été à la « place » d’une de ses femmes… Et oui, même si ça reste anecdotique par rapport à ce que peuvent subir les femmes, ça arrive aussi aux hommes…
    Et on passe par des états d’âmes très « paradoxaux » pour une victime…
    Je suis de tout cœur avec toutes ces personnes ! Ca vaut ce que ça vaut, mais c’est toujours bon de le dire 😉
    Merci pour cet article

    • Merci, cela fait plaisir d’avoir un avis ! Oui on banalise trop cette violence encore de nos jours, qui parait presque normale pour certains. Il faut oser s’opposer et dire non et/ou dénoncer, il n’y a que cela qui fera avancer les choses…

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